Commentaires sur la note de M. Kevin Champeau

« Pourquoi le DPE a tout faux sur la consommation d’énergie réelle d’un logement »

Pour la bonne compréhension de cet article, on lira utilement l’étude intitulée « Pourquoi le DPE a tout faux sur la consommation d’énergie réelle d’un logement ?».

Le but de la présente note est de porter à la connaissance des lecteurs le point de vue de son auteur. La Cofhuat souhaiterait que les réactions éventuelles de nos lecteurs soient exprimées par écrit et adressées à l’adresse de messagerie de la Cofhuat « cofhuat@wanadoo.fr »

Dans sa note, Kevin Champeau évoque plusieurs aspects pour lesquels le DPE actuel s’avère insuffisant :

  • Les différences de comportements entre occupants d’un même logement,
  • Le manque de fiabilité scientifique de la méthode,
  • La nécessité de la prise en compte de la consommation réelle de l’énergie.

 

1) – S’agissant du comportement des occupants

Il est contraire à une démarche se voulant scientifique de prendre en compte les comportements supposés des occupants d’un logement, faute de disposer d’études fines et conduites avec une rigueur scientifique sur ces comportements. Le même logement peut être occupé de différentes manières par des occupants successifs dont les comportements sont très différents.

Dans bien des domaines les individus sont susceptibles d’adopter des comportements qui leur sont spécifiques et qui les distinguent de leurs voisins.
Il en est de même en matière des comportements ayant une influence sur la consommation énergétique d’un logement.

Tel occupant, disposant d’une situation économique satisfaisante, pourra par exemple, adopter un comportement privilégiant l’économie des consommations énergétiques de son logement.
Tel autre au contraire, dans la même situation économique, va présenter des comportements plus laxistes et moins vertueux.
D’autres occupants, disposant de revenus trop faibles, se verront contraints de réduire leurs dépenses de chauffage, contre leur gré, afin de pouvoir payer leur facture.
Dans la même situation, certains vont au contraire privilégier un chauffage de qualité, se restreignant sur d’autres dépenses, jugées pourtant essentielles.

Face à cette diversité de comportements le DPE ne saurait être concerné.

Seules des campagnes à caractère pédagogiques, développées par les gouvernements, sont susceptibles de conduire les habitants vers des comportements plus vertueux en matière d’économie d’énergie, mais sans qu’il soit possible d’être tout à fait certain de leurs résultats.

En cette absence de connaissance objective des comportements la seule méthode acceptable est celle qui s’appuie sur les caractéristiques physiques réelles du logement. De ce fait, le DPE doit cesser de vouloir prendre en compte, en les imaginant, les comportements des occupants comme il a tendance à le faire, puisqu’il en ignore tout.

 

2) – Le manque de fiabilité scientifique de la méthode

Le diagnostic actuel est notamment basé sur les caractéristiques physiques du logement et notamment sur son isolation thermique des fenêtres et des murs.
Le plus souvent le diagnostiqueur est dans l’incapacité de connaître les caractéristiques réelles de l’isolant des murs (quand celui-ci existe…).
Dans l’impossibilité de réaliser un sondage des murs, qui serait destructif, il s’en remet dans le meilleur des cas aux informations contenues dans des factures de travaux antérieurs, mais le plus souvent il se fie aux déclarations du propriétaire, lesquelles sont la plupart du temps invérifiables.

Le DPE actuel n’est pas un document établi sur une base scientifique réelle, laquelle ne pourrait se fonder que sur l’étude de la consommation énergétique réelle d’un logement.
Des méthodes existent, qui permettraient de mieux appréhender ces performances réelles, telle que la thermographie infrarouge par exemple.
Mais celles-ci seraient plus longues à mettre en œuvre et plus onéreuses.

Selon nous, le DPE doit être un instrument purement technique, qui doit s’employer à décrire de la meilleure manière les caractéristiques thermiques d’un bâtiment et des logements qui le composent.
Entendons-nous bien : le rôle du DPE n’est pas de s’intéresser aux performances positives d’un logement mais d’évaluer les pertes d’énergie liées à ses insuffisances techniques.

Clairement, le DPE doit s’attacher à mesurer le niveau des fuites de chaleur au travers des murs, des fenêtres et des planchers, ainsi qu’au niveau, s’il existe, du système de renouvellement d’air.
Pour être acceptable cette évaluation des pertes doit s’effectuer en mesurant le niveau réel de celles-ci et non, comme c’est le cas aujourd’hui, en prenant simplement en compte les caractéristiques du niveau d’isolation des murs, des planchers et des fenêtres.
Et ceci pour une bonne raison : les diagnostiqueurs établissant les DPE ne procèdent à aucun essai portant sur les réelles émissions thermiques de locaux : ils se fient sur les caractéristiques supposées des éléments d’ouvrage qui constituent le logement.

A l’inverse telles menuiseries extérieures, possédant d’excellentes caractéristiques d’isolation mais dont la fabrication provient d’un pays d’Europe du Nord ou d’Europe Centrale et appartenant à l’Union Européenne, élaborées pour isoler des grands froids que connaissent ces régions, ne seront pas prises en compte comme telles, faute de disposer en France d’une nomenclature décrivant les très bonnes caractéristiques isolantes de la plupart des produits provenant de ce type de pays étrangers. Ces produits seront donc diagnostiqués, à tort, comme possédant de piètres qualités isolantes et pénaliseront la note attribuée par le DPE au logement qui en est équipé.

 

3) – D’autres inconvénients propres à la méthode actuelle  d’établissement du DPE

D’autres inconvénients du DPE, tel qu’il est établi sous sa forme actuelle, doivent être signalés :
Parce que l’obtention d’une bonne note encourage la surisolation des murs et des menuiseries extérieures, cette méthode ne se préoccupe pas de la situation thermique des abouts de dalles, des encadrements de fenêtres, des zones de jonction entre les parties isolées et celles qui ne le sont pas, etc.
De ce fait; et à cause de la diminution des quantités de chaleur produites dans les appartements ; diminution consécutive à leur isolation, des températures inférieures au « point de rosée » (4 degrés Celsius) se rencontrent souvent à ces emplacements, ce qui se traduit par la prolifération des moisissures et parfois entraine des ruptures structurelles dues aux « chocs thermiques ».

Il ne s’agit là que de quelques exemples des défauts de la méthode actuelle utilisée pour l’établissement du DPE.

4) – Une réforme du dispositif actuel qui s’avère indispensable.

L’imprécision et le flou qui caractérisent la méthode actuelle ouvrent la porte à toutes les dérives.
Ainsi tel diagnostiqueur, à l’image de la situation qui se rencontre souvent en matière de contrôle technique des véhicules – où fleurissent des partenariats suspects entre certains garagistes et certains diagnostiqueurs – n’hésite-t-il pas à suggérer au propriétaire d’un logement d’effectuer une prestation payante préalable aux travaux d’amélioration envisagés afin d’être garanti d’avoir ensuite un bon diagnostic thermique.

Aucun étonnement alors à constater, comme l’indique Kevin Champeau citant le magazine « 60 millions de consommateurs », que plusieurs diagnostics réalisés par des intervenant différents puissent conduire à des notes différentes pour un même logement étudié.

Compte tenu des importants enjeux pour la France d’améliorer les caractéristiques thermiques de son patrimoine bâti et notamment de celui qui est constitué de logements, une tout autre approche, basée sur une méthode scientifique rigoureuse paraît indispensable

Celle-ci devrait se recentrer sur son objectif d’être exclusivement un diagnostic technique, basé sur des mesures de pertes de chaleur, en s’interdisant toute estimation supposée du comportement des occupants.

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